Nous continuons ici notre exploration du soi et du chemin yoguique. Après l’étude de soi et des empruntes créées par nos habitudes, nous continuons avec la notion d’utilisation juste de l’énergie (Bramacharya), d’effort nécessaire et la recherche de l’équilibre.
Bramacharya – ou l’utilisation juste de son énergie
Voici le 4ème des Yamas, présenté dans les “Yoga Sutra” de Patanjali, comme vous le savez l’un des textes les plus cités en Yoga Contemporain.
Bramacharia est souvent traduit comme ascèse, ou encore chasteté. Ce type de traduction s’adapte bien à la pratique d’un yogi complètement dédié à sa discipline. Si nous voulions adapter ce précepte à notre vie moderne, alors une traduction adéquate pourrait être la tempérance, la maîtrise, l’autodiscipline… l’utilisation juste de son énergie.
Bramacharya invite le yogi/la yogini à dépenser son énergie là où c’est nécessaire avec application, et à l’inverse préserver son énergie lorsqu’elle n’est pas requise.
Dans la pratique posturale du Yoga, Bramacharya c’est la maîtrise de soi dans l’effort, apprendre à canaliser ses forces dans les postures difficiles, s’attacher à des engagements musculaires subtils. Et aussi savoir prendre des pauses lorsque c’est nécessaire.
Dans le quotidien, se demander si l’on est en train d’utiliser la juste quantité d’énergie pour ce qui doit être accompli, ne pas mettre trop d’énergie dans ce qui nous inquiète, et créer de la place dans sa vie pour du vide, pour pouvoir recharger.
Tapas – l’effort nécessaire
Tapas, n’en déplaise à qui voudrait que cela soit utilisé dans son sens apéritif, vient en sanskrt de la racine tap qui signifie “mettre au feu, brûler”. Tapas correspond à l’effort, au travail à fournir pour apporter les changements nécessaires à notre vie.
Car même si l’on prône la bienveillance, la modération, le contentement… l’effort reste nécessaire.
Tapas nous invite à nous concentrer sur nos besoins plutôt que sur nos désirs, en pratiquant le contentement et la modération. Car dans l’excès, tapas retrouve sa racine étymologique et brûle.
Mon professeur, David Lurey, lors de ma première formation, nous enseignais que dans le chemin du yoga, la joie est plus grande que l’effort.
Tout changement comporte une partie désagréable. Tapas nous demande d’avoir le courage de changer ce que l’on peut changer. Identifier les raisons pour lesquelles on fait un effort, les comprendre… rend cet effort beaucoup plus supportable.
Pendant la pratique physique des asanas, posez votre intention, afin de savoir vers quoi vos efforts iront. Puis, il reste à se demander dans les postures “suis-je en train d’éviter l’effort” ?
A la recherche de l’équilibre
L’équilibre est une poursuite, une recherche. L’équilibre est un point central vers lequel nous tendons, vers lequel nous voulons aller, mais auquel nous ne restons pas.
Notre recherche nous amène à osciller autour de ce point. A force d’entraînement, de pratique, nous apprenons à identifier les déséquilibres plus tôt, à les corriger plus délicatement, moins précipitamment. Mais les mouvement ne disparaissent jamais.
Il est important de se rappeler que ces oscillations sont toujours là, et de les accepter. Car ces oscillations font parties de la recherche de l’équilibre. Si nous les rejetons, alors nous n’apprenons pas à adoucir nos réactions, à suivre le mouvement plutôt que d’aller à son encontre.
Le chemin du yoga est celui de la recherche de l’équilibre. Patanjali décrit le Yoga dans ses Yoga Sutras comme “l’arrêt des fluctuations du mental” – cet espace central autour duquel nous tournons, lorsque nous l’atteignons nous permet de percevoir, comprendre, ressentir la nature profonde de notre être.
Sur ce chemin ardu, les bénéfices sont grands et les équilibres nombreux. Dans la pratique posturale, nous recherchons et travaillons entre autres l’équilibre entre…
- …force et souplesse
- …faire et laisser-faire
- …exigeance et bienveillance
- …droite et gauche