Les Niyamas

Ces dernières semaines nous avons abordé l’étude de soi, l’ardeur, le contentement, la clarté comme tout autant d’outils sur le chemin du yogi. Regardons ça de plus près…

En fin d’article, vous retrouverez des recommandations de lecture “pour aller plus loin”.

Contexte

Ces concepts ont été regroupés dans les 8 membres du Yoga de Pantajali.

De quoi s’agit-il ? De 8 étapes, pas forcément linéaires, par lesquelles le Yogi doit passer pour atteindre « l’illumination », la réalisation de soi, selon les « Yoga Sutras” de Patanjali, un recueil d’aphorismes (phrase courtes) écrit il y a fort fort longtemps (avant notre ère)

Ce sont des étapes qui vont du plus « grossier » – notre rapport aux autres, à nous même, à notre corps, au plus « subtil » – l’énergie qui circule dans le corps et beaucoup de concept métaphysique et de dissection de la méditation et de l’état de grâce.

Les Niyamas sont des principes de « discipline personnelle », des règles à prendre en compte pour soi-même, sur le chemin du mieux être. La deuxième « branche » des 8 membres du Yoga.

Nous avons parlé de 4 des 5 Niyamas, je vous présente les 5 ci-dessous.

8 membres niyamas 1

Dans la vraie vie

Le chemin du yogi, c’est un chemin vers l’absence de souffrance et de la réalisation de ce que l’on est au plus profond de nous. De là, nous, humbles pratiquant·es de yoga loin de la grotte de l’ermite, que pouvons nous en faire ?

Dans la vraie vie, en général on pratique le yoga pour se faire du bien. Pour aller mieux. Que ce soit parce que notre corps à besoin de bouger, respirer, soulager des tensions, réparer une blessures… ou tout simplement parce qu’on a besoin d’un moment à soi, une pause dans le quotidien.

Les Niyamas sont des outils qui, appliqué au commun des mortels que nous sommes, sont comme une petite grille, un guide pour aiguiller nos pensées et nos actions, des repères sur le chemin du mieux être. Ici, c’est le mieux être avec soi-même. Dans les semaines qui suivront nous verrons les “Yamas” qui sont des sortes de règles de vie en société, un peu comme les dix commandements dans la tradition catholique si on veut.

Chacun de ces éléments sont interdépendants et se pratiquent en parallèle, se font écho (ainsi qu’aux Yamas). Voyons les outils qui nous sont proposés et avec lesquels nous pouvons travailler !

Il est évident que chacun·e prend de ce contenu ce qui lui parle et laisse de côté ce qui est abstrait. Et bien sûr, toute discussion est la bienvenue !

Les 5 Niyamas

Svadhyaya / l’étude de soi

Se connaître soi-même. Faire du travail sur soi. Tout autant de choses dont on entend parler partout, d’ailleurs pas toujours dans un contexte yoga !! L’étude de soi naît du désir de se connaître soi-même et mieux-être, et de s’alléger de ses conditionnements.

Il s’agit de s’observer, de se mettre en position de témoin –et non pas de juge-, que ce soit dans l’expérience de la pratique ou dans les actes simples du quotidien. C’est observer les sensations physiques, mais aussi les réactions mentales et émotionnelles que l’on peut avoir.

« Que se passe-t-il  donc en moi quand je fais cette posture? Dans mon corps, dans ma tête ? »

« Où sont les tensions/les blocages dans mon corps ? »

« Quels mouvements me font du bien ? »

Santosha / le contentement

C’est la cultivation consciente d’accepter la situation actuelle comme elle se présente. Il ne s’agit pas d’accepter, et ne pas agir, mais plutôt, un petit peu comme Svadhyaya, savoir d’où on part. Faire une évaluation en profondeur de la réalité, plutôt que de rester en surface.

C’est apprendre à distinguer le besoin du désir, et à ne pas se laisser consommer par le désir.

En pratique, le contentement s’est se concentrer sur le présent pour se détacher du futur et du passé et réaliser ce qu’on a. C’est apprécier le lent progrès des postures et éviter l’impatience.

« Je reconnais que mon corps est raide. »

« J’accepte de ne pas actuellement avoir la force de faire cette posture plutôt que de m’en frustrer. »

« Je suis reconnaissant·e d’avoir un corps qui me permet de pratiquer le yoga »

Saucha / La clarté/pureté

Saucha, c’est l’entretien de la machine. Pour pouvoir avancer sur son chemin, quel qu’il soit, autant prendre soin du matériel.

Alors, d’abord, il y a l’hygiène corporelle et de vie (prendre soin de son corps, manger sainement). Et puis, il y a l’hygiène mentale : prêter attention à nos pensées, et éliminer progressivement celles qui ne nous servent pas, à nos paroles et pratiquer une communication non-violente, et à nos actions.

C’est aussi prêter attention à nos relations et parfois évaluer si vraiment elles nous sont bénéfiques.

« Où va l’attention, l’énergie va. »

Notre mental est très puissant, et ce qu’on choisit d’en faire peut avoir un impact fort. C’est pourquoi il est important de se débarrasser des pensées négatives et infondées et les transformer en éléments moteurs qui viendront nourrir le feu de l’ardeur « je ne peux pas, je suis nul·le » devient « je ne peux pas, très bien, mais je vais diriger mon énergie vers… »

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Tapas / l’ardeur

Le mot Tapas est dérivé de la racine « tap » qui veut dire brûler. Tapas représente l’ardeur, la détermination, la persévérance, la discipline pour avancer sur le chemin de son développement.
On peut facilement en avoir à l’excès, ce qui nous amène vers le fameux « burn-out », ou plus physiquement de la blessure. En combinant tapas à Santosha, on évite le burn-out. Par contre, Santosha sans tapas, c’est laisser tomber et passer dans l’inaction.

En pratique, appliquer Tapas c’est quoi ?

Venir au cours même si l’on est un peu fatigué·e, combattre sa volonté pour rester un peu plus longtemps dans une posture (évaluer que le corps peut plus que ce que l’esprit pense).

C’est aussi, hors du tapis, tout simplement se botter les fesses pour faire cette chose qui nous serait très bénéfique mais qu’on repousse encore et toujours.

Ishvara Pranidhana / l’abandon à ce qui est plus grand

Je n’ai pas parlé de ce Niyama en cours, car il s’agit d’un thème qui a plus trait à la croyance.

C’est l’abandon au divin, reconnaître qu’il y a quelque chose de plus grand que nous, ne serait-ce que l’humanité vs l’homme.

D’une manière un peu plus séculaire, c’est une discipline personnelle qui nous amène à l’humilité. Accepter que l’on peut faire de notre mieux dans chaque situation, mais qu’on ne peut pas faire plus que ça et que certaines choses nous dépassent.

Pour aller plus loin…

  • Sur la philosophie du Yoga en général : Introduction à la voie du Yoga, Tara Michaël
  • Sur les Yoga Sutras de Patanjali, un article de mon professeur Antoine Suplisson
  • Sur le développement du Yoga dans notre monde occidental : Yoga, une histoire-monde, Marie Kock
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