LES YAMAS
Les Yamas sont comme un petit guide pratique des comportements à avoir pour se positionner en société, se mettre en relation avec les autres pour avancer sur le chemin de développement que l’on s’est choisi (personnel, spirituel).
Comme les Niyamas (voir cycle précédent) les Yamas font partis des 8 membres du Yoga de Pantajali. C’en est même le premier membre.
Ce sont des observances morales à suivre par le Yogi et qui posent les bases d’une société saine, une base éthique, une référence d’intégrité.
Les 5 Yamas
Ahimsa / la non violence
C’est le tout premier des Yamas, ou observances morales, et le plus important. Il est à la base de tous les autres (et même des Niyamas).
Ahimsa est souvent traduit comme “non violence”, “absence de nuire”. On pourrait dire qu’il s’agit de l’absence de pensées, paroles et actes qui nuisent à autrui. C’est prendre soin de soi et des autres.
Ce Yama nous pousse à nous interroger sur les conséquences de nos paroles/actes sur autrui et sur soi-même. Ahimsa n’appelle pas forcément au pacifisme, mais plutôt à ne pas avoir la volonté de nuire.
Ahimsa, c’est un état qui s’installe lorsque l’on fait un travail sur soi-même. Plus on se comprend, plus on est en paix, et plus l’envie de nuire disparaît.
Sur le tapis ? sur le tapis, Ahimsa c’est décider de ne pas forcer son corps au delà de ses limites, ne ni se juger, ni juger les autres sur leur pratique (la posture parfaite n’existe pas). C’est aussi se pousser à se rapprocher de ses limites, car sans ça il n’y a pas de progression, on reste dans sa zone de confort, ce qui nuit à la volonté de développement que j’ai mentionnée (et qui est un prérequis pour vouloir appliquer toutes ces règles et y réfléchir).
Satya / la vérité
Satya, la vérité, la sincérité, l’honnêteté, intervient après Ahimsa pour une bonne raison : elle en est indiscociable.
Pour avancer dans son développement, il est important de s’interroger sur la vérité. Sa propre vérité. Accepter de la regarder et de ne pas la déguiser.
Satya avec Ahimsa, c’est se rappeler que toute vérité n’est pas bonne à dire : est-ce que je donne cette information parce que c’est la vérité et c’est comme ça, ou plutôt (honnêtement avec moi-même) par jalousie, par volonté de nuire, pour la recherche de profit personnel..? Certaines choses sont vraies pour nous mais pas pour l’autre, ou on les dit mal, ou avec la mauvaise intention.
Il est aussi important de se rappeler que quelque chose qui est vrai pour moi ne l’est pas forcément pour l’autre. Que l’ensemble des vérités de chacun défini la Vérité dans son ensemble.
C’est aussi une valeur que l’on retrouvera dans beaucoup de cultures. Vous pouvez explorer les 4 accords Toltèques par exemple (“Que ta parole soit impeccable”), il y a la CNV, outil de communication non-violente.
En pratique, comment faire ?
- Qui suis-je quand je suis vrai·e ?
- Qu’est-ce qui m’empêche d’être vrai·e ?
- Ne pas confondre “soi” et “ego”
- Eviter les ragots, suppositions, interprétations
- Etre soi-même et pas ce que les autres attendent de soi
Asteya / ne pas voler
Ce Yama nous invite à cultiver la conscience de ce qui est à soi et de ce qui ne l’est pas. A ne garder que ce qui est nécessaire et raisonnable pour vivre. C’est une notion qui impacte fortement la construction d’une société juste.
En pratiquant Asteya, on combat la tendance à se définir par ses possessions (matérielles, intellectuelles) et ses acquis (connaissances, compétences).
Pratiquer Asteya, c’est, au-delà de ne pas voler d’objets matériel, se rendre compte que l’on peut “voler” autre chose, comme par exemple les mérites ou l’énergie de quelqu’un d’autre. Ne vous est-il pas déjà arrivé de penser que quelqu’un “vous demande beaucoup d’énergie”? C’est un petit peu de ça que ça parle.
Pour cela, il faut cultiver l’autosuffisance (combattre le besoin de reconnaissance par exemple), chercher en soi un sentiment d’abondance, cultiver la gratitude et la générosité au quotidien.
Aparigraha / le non-attachement
J’ai trouvé une phrase qui m’a plu pour définir Aparigraha : “la voie du minimalisme”.
Il s’agit de ne pas tout prendre, convoiter, accumuler. En ce sens, Aparigraha et Asteya se recoupent beaucoup.
La souffrance est liée au sentiment de perte. Se désencombrer de ses possessions matérielles ou émotionnelles/énergétiques (souvenirs, émotions,…) c’est ne pas se laisser contrôler par elles, et par conséquent avoir plus d’énergie et de capacité de concentration sur l’ici et maintenant. Et souffrir moins.
Aparigraha nous permet d’apprendre à lâcher prise, pour vivre au niveau de l’être plutôt que de l’avoir. Pour lâcher prise, il est essentiel de comprendre que toutes nos possessions, toutes choses sont éphémères.
Sur le tapis, c’est ne pas s’attacher à sa progression physique, à l’aspect extérieur des postures.
Bramacharya / le contrôle de son énergie
Bramacharya vient de “Brahman” = Déité ou Conscience Supérieure, et “Charya”= Qui Mène à. C’est donc un comportement qui mène à Dieu. C’est un terme très souvent traduit comme chasteté ou célibat. Cependant, il ne s’agit pas d’une condition nécessaire pour avancer sur le chemin de la découverte de soi. Seulement, lorsque l’on consacre tout son temps d’éveil à ce développement (moines, ascètes), alors la chasteté/le célibat en découlent naturellement.
Pour le commun des mortels que nous sommes, on va plutôt parler d’utilisation juste de son énergie. Un contrôle (plutôt qu’une répression) des envies liées aux sens : modération dans la nourriture, les plaisirs visuels, sensoriels.
Si l’on se laisse accaparer par eux, alors il ne reste plus d’espace, d’énergie pour le développement personnel / spirituel. Pratiquer Bramacharya nous permet de se rappeler de mettre de l’énergie pour trouver la paix et le bonheur en soi.
Dans la pratique, on cherche la modération : prendre des pauses sur son tapis lorsque l’énergie ne suit pas, faire de la place pour du vide dans sa vie, combattre la FOMO (Fear Of Missing Out, ou le fait de dire oui à tout par peur de rater l’évènement du siècle).
Pour aller plus loin…
- Le Yoga Au Quotidien – Les Yamas, par Julie s’évade
- YOGA – Perfectionnement, Ronald Steiner & Anna Trökes, éd. La Plage / un petit peu de tout : introduction à la philosophie, découverte des principes énergétiques, et décorticages de certaines postures.
“Le succès du Yoga ne réside pas dans la capacité à effectuer des postures, mais dans son impact positif sur nos manières de vivre et nos relations”
— T.K.V Desikachar